De la patience et de la persévérance

15/04/2019

Quand j'étais petit, ma mère me posait devant MTV pour que j'ai une activité pendant qu'elle faisait sa vie. Très tôt donc, j'ai développé un amour pour la musique et les écrans. J'étais jamais vraiment intégré dans des groupes. La seule personne avec qui j'étais à l'aise était ma petite sœur Inès.
Pourtant, ma mère a compris rapidement que j'avais développé un intérêt vif pour les choses d'adultes. Elle a réussi à capter mon attention sur des sujets plutôt avancés. J'ai appris à lire et écrire tôt par exemple.
En revanche, je me suis mis à parler tard parce que, selon l'orthophoniste, j'avais rien à raconter et je ne voulais pas balbutier. De ce point de vue, ma mère m'a appris la patience. Tout vient à point à qui sait attendre.

Elle m'a inculqué la notion de dépassement également. En visant des objectifs plus grands que ma petite personne, je me voyais plus grand que ma petite personne.

Par ailleurs, ne pas abandonner est inscrit dans mon éducation comme ma couleur de peau dans mon ADN. On devait finir nos assiettes quoiqu'il arrive. Finir tous les devoirs donnés à l'école. S'intéresser à fond à un sujet dont on parle, ou plutôt ne jamais parler sans savoir exactement et précisément de quoi on parle.
Mon père lui, nous a transmis l'aversion de la médiocrité. Étant lui même un médecin brillant et reconnu pour son talent, il n'a jamais été tendre en ce qui concernait le développement de notre esprit critique. Le premier livre qu'il nous a envoyé lire était le dictionnaire. Et c'est comme ça que je me passionne pour la mythologie grecque. Lors de longues promenades qu'on faisait à Yaoundé, il nous disait d'observer. On commentait ce qui nous passait par la tête, il nous prenait au sérieux et nous répondait.

Mes parents sont directement responsables de la confiance que je porte en ma capacité à entreprendre d'une part et celle à me remettre en question d'autre part.

Leurs erreurs et leurs dons m'ont donné la force de surmonter toutes les épreuves que j'ai traversées avec résilience. Aucune grande entreprise n'est réalisable seul. Cela dit, les grands projets se portent seul et je remarque que la persévérance nécessaire pour garder le cap quand les choses sont difficiles nous vient tout particulièrement de l'amour de nos parents, ou du moins de figures parentales. Qui nous encouragent et nous défient. Qui nous poussent et nous ralentissent. Qui nous aiment et qui nous châtient.
Aujourd'hui, nous vivons dans un monde où l'individu règne sur le collectif et de ce fait, les gens sont de plus en plus seuls. Les familles monoparentales sont de plus en plus nombreuses en proportion et les familles recomposées sont monnaie courante. Comment se construire un avenir quand on a pas reçu cet amour ?

Ce qui a marché pour moi c'est la visualisation.

J'ai rêvé de NYC toute ma vie et je n'ai jamais abandonné ce rêve. Et un jour, je le vivais enfin. Ça m'a pris une vingtaine d'années.
J'ai du prendre ma petite sœur sous mon aile à la fin de sa troisième. J'étais sans le sou et à l'étranger à cette même période. J'avais également la charge de plusieurs problèmes familiaux sans précédent. Je me suis promis de nous garder sur le droit chemin. Aujourd'hui, j'ai deux masters et elle continue ses études de droit à Copenhague. Ça m'a pris quatre ans.
J'ai voulu voulu jouer au rugby en partant de zéro. Je me suis promis que je me donnerai à fond pour être un joueur décent. A la fin du semestre, j'étais MVP.

Avoir une vision claire de la forme que prend notre objectif donne un surplus de motivation au quotidien pour continuer à travailler. Savoir s'écouter, c'est aussi comprendre l'importance de la patience. Le corps envoie des messages clairs lorsqu'il s'agit d'alerte. En revanche, le changement naturel d'habitude prend du temps et il faut savoir être indulgent avec soi même. La persévérance demande de la patience et du pardon. Et on acquiert ces qualités en acceptant qui on est et en allant chercher ce qu'on veut.