Disiz - Disiz Zilla

Le monstre sensible est un thème récurrent dans la culture japonaise. A l'instar de Kyûbi de Naruto, même les shônen les plus populaires n'y échappent pas. Le monstre au sens occidental n'est pas toujours là où on le croit.
Cet album de Disiz traduit à merveille ce déchirement intérieur qui fait la part belle à la tension qui anime le MC. Disizilla c'est l'élastique qui se déchire. Et les deux morceaux se regardent en chien de faïence, tentant de s'apprivoiser l'un l'autre.
La dualité sous-tend tout l'album sous couvert de tout l'amour et la désolation qu'il éprouve pour sa mère. Entre acceptation de l'enfant qu'il veut rester et l'adulte qu'il doit être, Disiz se bat contre lui-même et contre son environnement afin d'entendre et de faire entendre sa propre voix.
Musicalement, Disiz livre un album éclectique, entre lyrisme et banger, les productions sont tantôt planantes, tantôt énergiques. Pour un album de rap, il va chercher dans tous les coins les instrus qui l'inspirent.
Son expérience obtenue après 11 albums s'en ressent d'autant plus dans les directions qu'il prend lyricalement. Chant, rap, autotune, diversité des thèmes abordés, Disiz est comme un poisson dans l'eau dans tout ce qu'il entreprend. Ou plutôt, on le sent beaucoup plus libre dans ses choix.
Avec cet album, Disiz ouvre sa propre boite de Pandore. Il converse avec ses propres démons intérieurs et met au défi quiconque d'en faire autant. Mais comme dans la légende, le meilleur reste enfermé dans la boite. On voit là la progression de l'album. L'ouverture de la boite laisse d'abord place à toute la rage qui l'anime. Rage qu'il dirige vers l'extérieur avant de se tourner en lui.
Vient alors le temps de la réconciliation ou du moins de sa tentative. Accepter que le rejet des autres se manifeste d'abord et aussi par le rejet de soi. Se laisser aller est une porte de sortie de ce marasme mais inévitablement, surgit la mélancolie et la tristesse de ce qu'on a pas pu réussir.
Ce moment où on constate que les problèmes qu'on voit ne sont pas ceux qu'on croit avoir. Les derniers morceaux de l'album indiquent que la préoccupation de l'artiste n'est plus de se conformer mais de revenir à une forme de bonheur pour lui et les siens mais que les blessures imposées par le temps restent.
Comme dans la légende de la boite, Disiz, dans l'éclatement de son élastique, a laissé paitre les monstres qui l'habitent en gardant enfermé en lui l'espoir qui lui permettrait d'avancer. Encore.