Du lâcher prise

J'ai vécu deux ruptures en six mois. L'une avec mon corps et une autre avec mon esprit. Mon corps m'a lâché quand mon tendon d'Achille s'est brisé et mon esprit m'a lâché quand mon ex a rompu avec moi. J'en ai voulu à la terre entière.
J'en ai voulu à mes amis de pas me laisser être qui je suis. J'en ai voulu à ma famille de pas me laisser être qui je voulais être. J'en ai voulu à mon ex de pas aimer qui elle me demandait d'être. Mais par dessus tout, je m'en voulais d'avoir honte de qui j'étais et de souffrir autant sans pouvoir le contrôler. Et je pleurais, je pleurais, je pleurais. A me demander pourquoi ci, pourquoi ça.
J'ai commencé par demander pardon. Pardon de pas avoir appelé à l'aide. Pardon de pas avoir su écouter mes amis lorsqu'ils me disaient que je devenais de plus en plus sombre. Pardon à ma mère de pas comprendre pourquoi sa souffrance me faisait souffrir.
Puis, j'ai fini par me pardonner. Me pardonner ma colère et ma souffrance. Me pardonner mes choix. Me pardonner mes addictions. Et à partir de ce moment, j'ai recommencé à m'aimer. En laissant partir cette aversion pour la peine, j'ai pu enfin sourire et reprendre confiance en moi.

Souvent, on pense qu'en se plaignant, on obtient ce qu'on veut. Tout ce qu'on fait en réalité, c'est entretenir un lien négatif avec l'objet de nos désirs. Ce que j'ai toujours voulu, à l'instar de Luffy dans One Piece, c'est être libre. Libre d'être qui je suis et qui je veux être.
La société nous impose des règles de bienséance afin que l'ordre soit respecté dans la limite des libertés de chacun. Mais qui définit cette liberté ? Être libre ne devrait pas dépendre de la liberté d'autrui. Il ne s'agit pas d'être sociopathe mais tout le contraire. S'aimer, c'est aussi aimer l'autre et cela, aucun papier ne nous l'interdit. Eriger l'Amour comme mantra permet de choisir de ne pas souffrir et donc de lâcher prise sur les démons qui nous hantent.
Ces démons sont entretenus par nos désirs, nos frustrations, notre peur en somme. Ne pas avoir peur demande du courage, de la patience et du labeur. Ma dépression m'a rappelé que j'avais le choix des règles sociétales que je veux suivre. La honte est un sentiment puissant qui permet de vivre en société mais ce sentiment est ancré dans la peur. La peur de ne pas faire parti du groupe. L'une des plus grandes peurs après celle de mourir.
Je combats cette peur quotidiennement en affichant publiquement mes tourments. Je combats cette peur quotidiennement en méditant et par là en me rappelant qui je suis. Je combats cette peur quotidiennement en m'aimant et en aimant autrui. Lâcher prise, c'est décider d'être qui on est en tout temps et avoir confiance en le fait que l'Amour inconditionnel est la seule vérité qui vaille la peine.