Du retour, le chemin de croix

27/01/2020

Il y a un an quasiment jour pour jour, j'écrivais mon premier article pour ce blog. Énorme distance parcourue depuis et pourtant, je suis retourné travailler en finance et je suis toujours en quête de réponses existentielles.
Je suis aussi retourné à l'école. Celle que j'aime et que je connais le mieux. Celle qui me torture l'esprit et me remue le bide. J'ai rappris à apprendre et à me fier à mon intuition. Et Dieu seul sait à quel point je suis perfectible. Paradoxalement, c'est ce qui me rassure et m'angoisse le plus, la marge de progression.

J'ai tout changé, tout réarrangé. Je me suis confronté au rejet des femmes, mon épouvantail premier. J'ai risqué ma sécurité financière. J'ai risqué ma sécurité émotionnelle. J'ai même risqué ma sécurité physique par moments. J'ai mis à la poubelle la plupart de mes certitudes. Mais dans quel but ? A vrai dire, ce n'est pas vraiment clair. Tout est parti du vide que je ressentais intensément. Le centre des opérations s'était déplacé de la tête vers le corps et les circuits étaient quelque peu empruntés. J'ai donc passé mon temps à refaire les soudures.
La position de principe était : mon corps ne sait rien de lui-même et pourtant il est à la base de toutes mes décisions. Pour mettre à profit cet incroyable mental qu'on me prête, j'ai du nouer un nouveau contrat avec celui-ci. Toi, mon corps d'abord. Toi, mon corps ensuite. Les autres à la fin en commençant par la tête et ensuite autrui. J'ai fait ce que je sais faire de mieux. Essai-erreur-correction-décision.

J'ai entretenu plusieurs relations romantiques à la fois. J'ai entrepris de devenir riche. J'ai redécouvert mon amour de la connaissance, tenté la philosophie. Je dois reconnaître que je me suis d'abord affranchi de toutes les règles qui m'entravaient dans mes expériences et je n'ose imaginer la souffrance de mon entourage à cet égard. Heureusement, j'aime mes proches comme ils m'aiment, inconditionnellement et de manière intemporelle.

Pourquoi chemin de croix ? Parce que la souffrance est la meilleure source de bon sens. Après tout, la morale sert avant tout à réduire la souffrance générale. Il était temps que j'arrête d'ignorer ou d'esquiver la mienne car finalement, elle est ma meilleure prof.
Aujourd'hui, je n'ai pas vraiment plus de réponse. Ou plutôt, je sens bien que ce qui marche pour moi ne marche, a priori, que pour moi. La vulnérabilité est ma force et je sacralise l'heuristique.

J'imagine qui je veux être et je sais ce qui me compose. Je suis mon père, ma mère, mes soeurs, mon frère. Je suis mes amis. Je suis mes ex. Je suis Sangoku, Luffy, Poppu, Harry Potter. Je suis Elon Musk, Bill Gates, Gary Vee. Je suis Mr Kayz, Flynt, Dosseh, Jay Dee. Je suis Bireli Lagrène, Sylvain Luc, Joao Gilberto. Je suis la somme de ce qui m'a construit, de ce qui m'inspire et de ce que j'oublie. De ce qui m'a fait souffrir et de ce qui m'a fait grandir.

Chantal Jacquet dans Les transclasses ou la non-reproduction parle de complexion pour décrire ce qui définit un individu et sa trajectoire de vie. Je rajouterais à cette notion un côté prospection. Notre complexion s'enrichit de toutes nos expériences, mentales et physiques, de notre patrimoine génétique et environnemental, mais également de tout ce qu'on imagine et désire. Pour ma part, je veux à la fois être un phare et le capitaine qui se dirige vers lui. Parfois la mer est sombre, mouvementée et semble infinie. Cependant, la lumière brille partout, donc j'entre et je laisse la porte ouverte.