Habitué - Dosseh

J'ai beaucoup écouté ce morceau à une période où je me remettais d'un énième échec amoureux. Il m'a accompagné dans ma tristesse sans que je comprenne vraiment la connexion avec mon vécu. Mais cela ne dura qu'un temps.
Dans ce morceau, Dosseh utilise cette phase "Je retournerai à mon père comme les fleuves retournent à la mer". Et un jour, ç'a fait tilt. Comme lui, je suis habitué à ma souffrance qui ne semble jamais s'arrêter. Comme lui, je vois l'Amour partout mais personne qui ne le saisit vraiment. Comme lui, je suis en quête d'un lieu ou d'une personne qui saurait m'Aimer et pourtant, j'ai l'impression de ne pas être vraiment digne de cet Amour.
Pour le mériter, il travaille inlassablement. Sur lui, pour sa famille, dans la rue avant, dans la musique maintenant. Cependant, l'Amour qu'il recherche, il ne peut pas encore le donner, "Aucun homme n'aime les pleureuses". Il sait l'Amour simple et pourtant il reste seul et se lamente de sa solitude dans le refrain.
Cette chanson m'évoque la parabole du retour de l'enfant prodigue. Dosseh y incarne dans ce morceau le fils cadet qui se met à nu et admet vouloir revoir son père une dernière fois pour le rendre fier. Il ne peut alors que constater l'impossibilité de son voeu. D'ailleurs, il commence le morceau en demandant s'il sera un jour aimé pour qui il est sans les artifices de la gloire et du succès.
Il y incarne également le fils aîné qui semble regretter que le monde ne soit pas plus simple, plus juste et plus aimant malgré tous les efforts qu'il déploie. C'est ce fils aîné qui connait la rue, rejette la peine des filles et déplore le malheur du monde.

Habitué est au rap ce que le tableau de Rembrandt est à la peinture. Et comme il s'agit de rap, j'espère pour Dosseh qu'il continuera son chemin afin de comprendre en quoi il peut incarner le père dans cette célèbre parabole. Celui qui Aime ses enfants inconditionnellement.